Focus sur les Malinois

CHRONIQUE DE DAME HELIA , Focus sur les Malinois

Chers amis lecteurs et lectrices, bonjour !

Les lecteurs réguliers du TU me connaissent, cela fait quelques mois que je trempe ma patte dans l’encrier pour vous narrer ma nouvelle vie post refuge.

Pour les nouveaux lecteurs, je me présente brièvement : Hélia, Femelle malinoise de 10 ans ½, victime d’un AVC au refuge au printemps dernier, accueillie en famille d’accueil pour ma convalescence, puis adoptée par cette famille de 2 pattes que j’ai royalement noyautée… et depuis ils habitent chez moi.

Je commence à me faire un p’tit nom dans le monde des autrices canines, j’ai été plusieurs fois nominée pour le prix croquettes, et le concours « os à moelle », mais ma modestie me fait renoncer à aller chercher mes prix, on me compare souvent à la madeleine Proust.

J’avais annoncé dans le dernier TU que je vous raconterai mes vacances d’été à la montagne, mais mon maitre s’est un peu fâché et a voulu faire preuve d’autorité (le pauvre il s’imagine que je lui obéis au doigt et à l’œil… alors que je fais semblant).

Non Hélia, en ce début d’année, avec tous les problèmes qu’il y a dans le monde, la guerre en Ukraine, le COVID et la grippe, l’inflation, la crise énergétique, il y a des sujets bien plus sérieux à traiter que tes vacances vautrées sur des canapés, passées à courir après des balles, ou à mendier à toutes les tables du restaurant.

Il me fait bien rire mon maitre…. La guerre dans le monde, vous n’avez pas besoin de moi pour vous informer, vous avez TF1, BFM et l’Est républicain, la grippe et le COVID, connais pas, je suis vaccinée contre tout …sauf la méchanceté humaine, l’inflation….. je connais, j’ai pris 2 kg depuis que je suis sortie du refuge…. Ça vous faire rire….. Et bien montez donc un coup sur vos balances après les fêtes et redites moi ensuite si ça vous fait toujours sourire.

 Quant a la crise énergétique, oui c’est un gros problème, ma maîtresse fait marcher la cheminée dès qu’il fait un peu froid, et une cheminée, c’est un truc de gaulois, ou ça chauffe fort, ou ça ne chauffe pas !. Moralité, quand je suis dans mon canapé devant le feu, j’ai le sommet de la tête et les oreilles qui frôlent parfois la surchauffe, je suis obligée de me coucher par terre pour chercher la fraicheur, oui c’est un vrai problème, mais je n’y peux pas grand-chose.

Mais bon, comme je voyais bien qu’il ne me laisserait pas raconter mes vacances, j’ai décidé de vous parler d’un sujet très sérieux et grave. Je vais vous présenter en détails les caractéristiques des chiens que l’on appelle communément bergers belges, dont la population est malheureusement nombreuse au refuge, en espérant que cette présentation vous donne envie de venir les découvrir au refuge, et peut-être d’adopter l’un d’entre eux qui n’a pour l’instant pas eu ma chance.

Je vais donc étaler un peu ma science, et vous présenter en long en large…. et avec leurs travers, mes cousins Belges.

La famille des bergers belges, c’est une grande famille, avec des spécimens dont on imagine parfois difficilement qu’ils font partie de la famille : GROENENDALER-LAEKENOIS-MALINOIS-TERVUEREN.

Charité bien ordonnée, je vais surtout vous parler de moi, et donc du malinois au sein des bergers belges. Si cela vous intéresse, on pourra présenter plus tard les cousins éloignés.

Le malinois est une variété de berger belge, au même titre que ses 4 cousins. Cette race a été obtenue à la fin du XIX siècle grâce à des sélections réalisées par des équipes cynophiles Belges passionnées. (Alors là, s’il vous plait, pas de moqueries ni de plaisanteries de mauvais goûts, c’est pas de notre faute si on a été sélectionnés par des Belges… Comme quoi les Belges réussissent dans d’autres domaines que les frites , la bière ou les Leonidas.)

Le standard en vigueur de la race a été établi en 2001.

Les 4 « cousins » se distinguent de la manière suivante :

  • Groenendael : Chien noir à poil long Laekernois : Chien fauve et charbonné poil dur  
  • Tervueren : Chien fauve et charbonné gris, poil court
  • Malinois, c’est nous les plus beaux : Fauve et charbonné, poil court, reconnaissable à  notre tête majoritairement noire, certains disent que l’on est masqué

Notre morphologie et notre allure, que l’on soit Femelle ou Male :

Nous sommes plutôt de taille moyenne, mais là encore merci de ne pas chipoter. Avec une hauteur au garrot comprise entre 58/62 cm (F/M), un poids de 20 à 30 kg, pas besoin d’une semi-remorque pour nous emmener en vacances, mais ce n’est pas une raison pour nous proposer de voyager en voiture sans permis ou en Zoé…. Si je vous mets ma photo couchée sur un canapé, vous allez comprendre tout de suite ce que je veux dire.

Nous sommes des canidés à poils courts mais denses, (et il faut être honnête, 2 fois par an pendant la période de la mue, vous saurez ce que dense veut dire) avec une silhouette fine et élancée. Solidement campés sur nos pattes, musclés, mais pas « rachitiques » comme des lévriers, nous ne sommes pas dénués de finesse et d’élégance.

Daniel Balavoine aurait dit qu’avec notre petit côté loup, avec notre masque noir et notre museau fin cachant une mâchoire puissante (+/- 90 à 100 KG de pression, 13.7 kg/cm²), quand on arrive en ville, si on a les oreilles bien droites et le regard bien profond, on fait parfois un peu peur. C’est certain que si l’on nous compare à des Yorkshires ou à des caniches nains, Mr Balavoine n’a pas tort.

Mais au-delà de ce cliché, très largement utilisé par les polices municipales, il faut aussi voir notre regard vif et perçant, un brin malicieux…. Le regard qui va vous faire craquer et qui nous permet de vous manipuler

Avec nos oreilles pointues toujours dressées et en éveil, on a toujours l’air vif et en alerte, mais si vous nous voyez en pleine sieste, on a parfois un petit côté éléphant qui ronfle un peu moins spectaculaire.

Parlons maintenant de notre caractère, de nos nombreuses et immenses qualités, et de nos quelques défauts.

Vous l’avez sans doute remarqué, nous sommes avant tous des chiens très modestes. Outre cette extrême modestie, nous sommes :

Affectueux avec notre famille et notre maître que nous aimons tout particulièrement avoir à nos côtés.

En général, si les enfants ne nous ont pas martyrisés quand nous étions chiots, nous apprécions leur compagnie, et saurons nous montrer attentionnés et très doux. Mais évitez de nous laisser avec de très jeunes enfants sans surveillance, car n’oubliez pas, nous sommes quand même des moyens /gros gabarits, sans le faire exprès on peut vite donner un petit coup de patte ou un coup de tête en jouant qui vous met vite un p’tit bout de chou par terre.

Des mauvaises langues comme mon maître disent même que l’on est plus qu’affectueux, on est des pots de colle… Si on n’a pas notre gros câlin au réveil ou quand on le demande, on va se coller à lui, le pousser, lui barrer la route, lui piquer ses chaussures, jusqu’à ce que l’on ait reçu notre dose de caresses…. Donc le matin, il vaut mieux anticiper un peu le réveil pour ne pas être en retard après la séance de câlinothérapie.

Nous sommes également d’une loyauté sans faille, c’est presque un défaut dans certain cas.

Chez le malinois, c’est viscéral, il faut que l’on s’attache à un maître à qui l’on sera dévoué et obéissant. Mais attention, cela fonctionne bien si l’on a reçu un minimum d’éducation, pour savoir rester à notre place, (on fait ce que l’on veut, mais on fait croire à notre maître que c’est lui qui décide, on doit comprendre des consignes d’éducation de base pour pouvoir vivre en société. Exemple en ce qui me concerne : Quand on me dit de libérer le canapé, je n’insiste pas, je descends ; je suis gourmande mais à table, je ne me sers pas, j’attends que l’on me donne, et je fais mes yeux de biche pour accélérer le processus ; je garde la maison et mes maîtres, mais quand quelqu’un rentre, même s’il n’a pas sonné, je l’accompagne, je le renifle un peu pour voir où je pourrai le croquer si besoin, mais c’est tout, j’attends tranquillement les instructions.

C’est un peu génétique chez nous, comme chez nos copains Beaucerons, nous avons un très fort instinct de protection, donc cela nous prédispose à faire de bons chiens de garde, mais pas que, la garde, c’est aussi bien souvent la dissuasion…. Nous on est un peu comme l’arme Nucléaire, on montre nos muscles, notre masque noir, on baille pour montrer nos crocs « émail diamant » et puis on s’assoit pour voir la réaction. Cela s’appelle de la dissuasion ou la force tranquille, et généralement ça suffit très largement pour maintenir le calme.

Mon maître avait mis une photo de moi sur le portail quand je suis arrivée à la maison… C’était super pédagogique, tous les livreurs se sont mis soit à téléphoner soit à sonner systématiquement avant de chercher à rentrer…. Et puis j’ai fait une bêtise……. Mordu un livreur ????  Non pire que ça, la honte absolue pour mon maître…. J’ai pris l’habitude de ramener une balle pour jouer à chaque fois qu’un livreur arrivait…. Dans mon dossier, il était pourtant bien indiqué que j’avais mordu ou pincé fortement quelques fois avant mon arrivée au refuge et pendant mon séjour à la SPA.

Ça continue de bien faire rigoler mes maîtres, de temps en temps quand je ressemble à tout sauf a un chien méchant, ils ne peuvent pas s’empêcher d’envoyer quelques photos au refuge…

Mais cette anecdote est importante : Le message derrière tout ça, c’est que lorsque vous voyez un malinois au refuge dans son parc ou derrière les barreaux, il n’est pas dans son élément naturel, il lui manque son objectif naturel, une famille à surveiller, à choyer, un partenaire de jeux. Donnez-lui ce qu’il attend et vous verrez son autre visage. L’aide d’éducateurs ou de comportementalistes peut permettre de raccourcir drastiquement cette période d’acclimatation au changement, car un séjour au refuge, s’il est un peu prolongé, laisse vite quelques séquelles.

Courageux

Et oui, désolés si nous n’avons que des qualités, nous sommes aussi des grands courageux.

Nous ne nous contentons pas d’avoir un « physique », nous sommes courageux et travailleurs, ce qui fait de nous d’excellents chiens de travail (défense, recherche, berger), mais aussi des chiens de compagnie très fréquentables.

Mon maître s’est essayé à m’entrainer pour rentrer les vaches, et franchement ses amis paysans ont été épatés. Je fais mieux que les 2 derniers chiens qu’ils ont eus, Beauceron et Border.

Je suis très fière de ce compliment, mais mon maître qui a connu ces 2 chiens me dit qu’il ne faut pas que je prenne la grosse tête, parce que les 2 loustics étaient de vrais phénomènes de foire, des cas désespérés.  Mais je m’en moque car maintenant, je suis invitée chez les voisins, et comme les dames cuisinent super bien, j’ai toujours un p’tit truc succulent à me mettre sous la dent en passant.

Enfin, pour finir avec nos 2 dernières qualités, nous sommes très intelligents !

Nous comprenons vite ce que l’on veut de nous à condition de ne jamais faire preuve de violence ou d’agressivité pour ne pas nous braquer ou nous rendre agressifs.

Nous avons besoin d’une éducation ferme et stricte :  une main de fer dans un gant de velours, il faut savoir nous encourager (un peu) et nous récompenser (beaucoup).

Nous sommes également dynamiques, avec un besoin de nous dépenser régulièrement. Donc pas de problème pour vivre avec un maître sportif, adepte de footing, ou tout simplement adepte de longues promenades ou de randonnées.

Parlons maintenant de nos quelques petits défauts :

Nous les malinois, avons des cordes vocales. Nous sommes susceptibles d’aboyer, de manière normale quand on fait les gardiens, ou de manière un peu plus problématique si nous ne sommes pas assez stimulés physiquement ou intellectuellement, ce qui chez certains d’entre nous peut provoquer un état dépressif et anxiogène.

Mais soyons clairs, tous les chiens aboient plus ou moins, certains mêmes sans savoir pourquoi, alors que nous savons pourquoi nous aboyons.

Il faut savoir organiser et gérer notre sociabilisation.

Le malinois a besoin d’être mis en contact avec du monde et des congénères dès son plus jeune âge.

En effet, nous sommes méfiants par nature il faut nous faire découvrir le monde extérieur avant que l’on développe un comportement trop méfiant, limite parano envers ce qui nous entoure ou tout changement de situation.

Pour mes cousins du refuge, les animaliers qui les connaissent bien se feront un plaisir de vous dresser leurs portraits, de vous dire tout ce que vous devez savoir pour gérer cette sociabilisation, et autour de la SPA, il y a plein de partenaires, éducateurs, comportementalistes, qui lisent en nous à livre ouvert et pourront dispenser des tas de précieux conseils.

J’espère que ma présentation vous aura intéressé et donné l’envie de découvrir notre belle race, je vais juste conclure sur la famille idéale pour un Malinois.

Il paraît que nous ne sommes pas forcément recommandés si nous sommes votre 1er chien, ou alors on vous conseille de vous faire accompagner….

Il est comique celui qui a écrit ça… Faut pas généraliser !!, Et puis ça veut dire que si nous l’écoutons, les malinois ce n’est pas pour des jeunes parce que c’est peut-être leur 1er chien, et puis ils n’ont sûrement pas une maison avec un grand terrain parce qu’ils sont jeunes et débutent dans la vie, mais alors le Malinois ce n’est pas non plus pour les séniors, parce qu’ils ne seront plus assez vifs pour suivre le chien….

Me fait bien rire ce bonhomme… Hier j’ai suivi un retraité en balade, 8 kms, je n’en pouvais plus, le petit bonhomme est rentré chez lui, il était moins fatigué que moi, il s’est mis à couper du bois, entre 2 coups de tronçonneuse, il me jetait ma balle…. Non mais ma parole, il n’avait pas lu notre convention collective, le droit au repos, et à la sieste, c’est gravé dans le marbre, c’est sacré.

Pour être un peu sérieux :

C’est vrai qu’avec notre vivacité et notre morphologie plutôt XXL que sac à main, il faut clairement éviter de louper une étape de notre éducation, car la rattrapage, c’est toujours plus compliqué, mais c’est pareil avec les enfants, c’est quand il est petit que l’on redresse l’arbre, pas quand il est centenaire.

Nous Malinois, sommes exigeants, nous avons besoin de beaucoup d’attention de la part de notre maître avec parfois une énergie difficile à canaliser. Si vous ne voulez pas que l’on fasse les chefs à la maison, il faut savoir manier patience, douceur et fermeté, cocktail à manier dans les bonnes proportions.  Mais encore une fois, si vous prenez un chien, c’est que vous avez envie de vous en occuper, de lui donner quelque chose et de recevoir quelque chose, donc cette attente du malinois n’a rien d’exceptionnelle et n’est pas propre à notre race, même si elle est peut-être un peu plus développée chez nous.

Un maître calme et patient c’est l’idéal. Il faudra répéter pour ancrer l’apprentissage, c’est un travail qui peut demander du temps en fonction de l’individu.

 

En apprenant à un Malinois dès son plus jeune âge les règles de base et la séparation, vous pourrez le retrouver à votre retour calme et serein, et éviter les dégâts à vos biens. Au début, quand je suis sortie du refuge, quand mes maîtres me laissaient, je stressais un peu, il fallait que je mordille ma couverture. Cela a duré quelques semaines, puis je me suis rendue compte que finalement, j’avais la maison pour moi toute seule, (enfin presque, parce qu’il faut quand même cohabiter avec mon vieux pote Donald, le terrier cardiaque, aveugle et diabétique, donc vu mon gabarit, quand je décidais de piquer le canapé, pépère Donald ne disait rien, et c’est vrai que finalement, c’est cool d’habiter chez soi).

Il existe parfois chez le Malinois des troubles liés à l’hyperattachement et la séparation. Les conséquences peuvent être dommageables pour votre domicile, si ce syndrome n’est pas traité rapidement, mais pour un maître averti, cela se gère très bien.

Si après la lecture de cet article, vous craquez pour cette race bourrée de qualités, et si c’est votre 1er chien :

N’hésitez pas à utiliser les services d’un éducateur canin ou d’un comportementaliste pour quelques séances d’éducation et de socialisation. Vous mettrez toutes les chances de votre côté, le processus d’apprentissage sera plus rapide, et ce spécialiste vous aidera à bien comprendre tous ces besoins.

Même si le Malinois est un chien de taille moyenne, sa puissance et sa vivacité pourraient le classer dans les grands chiens, il faut pouvoir le maîtriser en toute occasion et sans violence, il est donc souhaitable de savoir faire preuve de la bonne attitude.

Evitez cette race si vous vivez en appartement ou manquez de temps pour un exercice régulier.

Chien puissant et vif => besoin d’exercice et d’espace

Sauf à vivre dans un très grand appartement et disposer d’un grand parc à proximité dans lequel vous pourrez le faire courir sans laisse, épargnez-lui les contraintes d’un appartement et de la ville, ce n’est clairement pas sa tasse de thé.

De ce côté, je suis aux petits oignons chez mes maîtres : 1200 m² de jardin, des coussins et des paniers à tous les étages sans compter les fauteuils et les canapés, histoire que je me pose où j’ai envie, et en moyenne 6 à 10 kms de balade par jour, sauf les jours de forte pluie parce que je déteste me faire mouiller, ça nuit à mon look de star et on me fait les gros yeux si je vise un canapé pour la sieste.

Je vous remercie d’avoir lu cet article jusqu’au bout, et pour vous prouver que nous sommes des chiens bourrés de qualités et beaux, je vous invite à venir discuter avec les animaliers du refuge qui vous présenteront mes cousins. Regardez sur les photos qui illustrent cet article comme ils sont beaux ! Perso, j’ai mon préféré mais chut c’est un secret, je ne vous dirai pas qui c’est.

Ce serait aussi génial si quelques lecteurs ou lectrices qui habitent également chez des Malinois pouvaient nous faire part de leur expérience en envoyant leurs coordonnées à la Spa pour que nous puissions les contacter pour faire un droit de réponse des maîtres…

A bientôt, votre fidèle et dévouée Hélia.